J’ai un accent, moi ? Souvenirs, souvenirs, …. (yiddishs, bien sûr)

J'avais un grand oncle juif polonais rescapé de la shoah, arrivé à Paris pour tenter de reprendre une vie suspendue pendant la terreur nazie.

J’avais un grand oncle juif polonais rescapé de la shoah, arrivé à Paris pour tenter de reprendre une vie suspendue pendant la terreur nazie. Il y avait rencontré ma tante, la sœur de mon père, séfarade marocaine, avec qui il s’était marié dès le début des années 60.

Lorsqu’il parlait français, il avait cet accent incomparable, fort, dur, rugueux, à couper au couteau, de sa langue natale, le polonais mâtiné de yiddish.

Plus de 40 ans de vie à Paris, avec une épouse qui n’échangeait avec lui qu’en français, n’ont pas suffi à lui faire perdre cet accent, même pas à l’atténuer significativement. 

Je me souviens, plus de 20 ans après son départ, combien nous souriions affectueusement, ma tante, mes parents, et moi, en entendant ce parler si étonnant pour nous.

Aussi, lorsque je suis tombé sur ce petit écrit de notre chère Ida Apeloig, tous ces souvenirs merveilleux de l’accent yiddish que je découvrais il y a si longtemps, sont remontés du fin fond de ma mémoire et je ne peux pas résister à cette envie irrésistible de le partager avec tous, en ce lieu, le FARBAND, où le yiddish est la base de tout.

Régalez-vous !

 

De Ida APELOIG, mars 2023 :

À propos de l’accent yiddish de nos anciens, je me souviens combien il était savoureux, particulièrement de celui de mon père et de ma mère, qui me manque tellement.

Mon père, Schmile et ma mère Golda ne pouvaient pas prononcer le « i » ce qui fait qu’ils m’appelaient « Yéda ».

Parmi les expressions qu’ils modifiaient selon leur compréhension cela pouvait donner : 

  • Pour me conseiller de me protéger du froid, ma mère disait : 
    « Met un pill à col roulant ! »
  • Vous êtes sûrement nombreux à vous souvenir de ces expressions et déformations : 
    • Les sons « en » et « an » sont remplacés par « on » : 
      « qu’on les onfons mongent, les parons sont contons ! »
    • Les articles indéfinis « un » ou « une » n’existent pas. Ils sont remplacés par « a » : 
      « a table », « a chaise », « a fauteuil »,
    • La lettre « u » est remplacée par « i » : pour dire : « une puce sur un mur qui mange du pain dur » ça devient :
      « a pice sir a mir qui monge di pain dir » 
    •  Le son « cui » est remplacé par « kvi » :
      « va chercher des kvillères dans le kvisine »
      « les carottes sont kvites »
      « le zoisou fait kvi-kvi »
    • Les sons ma, ta, sa peuvent être remplacés par mon, ton, son :
      « j’ai perdi mon chaussure dans la ri »
      « pron ton kvillère pour monger ton compote »
      « ma fils » ou « mon fille »

 

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