Marceline Loridan-Ivens

  C’est d’ailleurs pour cette raison que la survivante de la seconde guerre mondiale n’a pas voulu avoir d’enfant.
Marceline Loridan-Ivens

 

C’est d’ailleurs pour cette raison que la survivante de la seconde guerre mondiale n’a pas voulu avoir d’enfant. « Si c’est pour qu’il revive la même chose dans des conditions plus ou moins différentes…»

« Le monde n’a pas tellement changé, il est en train de changer dans le pire. Dans la barbarie la plus stupide, la plus totale, dans l’obscurantisme honteux dont nous devrions tous avoir honte… »

« Vous n’avez pas oublié le Grand Mufti de Jérusalem qui avait signé un pacte avec Hitler pour exterminer les Juifs »

«Les Français seraient-ils dans la rue si les victimes avaient été juives ?»

Patrick Cohen, animateur de la matinale de France Inter, reste ensuite sans voix sur l’interrogation de Marceline Loridan-Ivens. «Vous croyez que les Français seraient descendus dans la rue si on n’avait tué que des Juifs il y a 15 jours (NDLR: lors des attentats de Paris)? Non.» Gros froid (et gros blanc) dans le studio.

 L’animateur embraye ensuite sur le passé de son invitée, au caractère décidément bien trempé. «J’ai été sauvée d’un viol car un Allemand a dit à mon bourreau: “ On ne touche pas à cette sale race. ” Voilà comment j’ai été sauvée.» 

Aujourd’hui, la survivante tente de témoigner pour faire bouger les choses. «Mais je le fais sans illusion», précise-t-elle. «Je montre mon film dans les écoles (…). Des enfants claquent des doigts pendant la projection. J’essaye d’avoir une explication à la fin, mais personne ne parle. Je leur dis alors: “ Vous êtes des lâches ” .»

Un sacré petit bout de femme, cette Marceline Loridan-Ivens.

Sabi Soulam

 

Biographie de Marceline Loridan-Ivens (Documentation de Radio France, mai 2014) :

Marceline Loridan-Ivens naît à Epinal le 19 mai 1928 de parents juifs polonais émigrés en France. Arrêtée avec son père par la Gestapo en 1944, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau puis au camp de Theresienstadt jusqu’à sa libération en mai 1945. Elle livrera une évocation poignante du difficile retour à la vie après le camp dans le film Chronique d’un été (1960) de Jean Rouch et Edgar Morin, dont elle est l’un des protagonistes principaux. Devenue journaliste et réalisatrice, elle coréalise avec Jean-Pierre Sergent Algérie année zéro (1962), qui montre les débuts de l’indépendance algérienne pour laquelle ils se sont engagés. En 1963, elle rencontre et épouse le documentariste Joris Ivens avec lequel elle travaillera jusqu’à la mort de ce dernier en 1989. Ensemble, ils réalisent des films sur la guerre du Viêt-Nam, sur le Laos,  une série de six films sur la Chine en pleine révolution culturelle (Comment Yukong déplaça les montagnes, 1976) et enfin Une histoire de vent. En 2003, Marceline Loridan-Ivens écrit et réalise son premier long-métrage de fiction, La Petite prairie aux bouleaux, très largement inspiré par sa vie et son expérience des camps. Elle a publié ses mémoires, Ma vie balagan, en 2008. 

Filmographie :

  • La Petite prairie de bouleaux (2003)
  • Une histoire de vent (avec J. Ivens, 1989)
  • Comment Yukong déplaça les montagnes (avec J. Ivens, 1976)
  • Le Peuple et ses fusils (avec J. Ivens, J.P. Sergent, Emmanuelle Castro, 1969)
  • Le Dix-septième parallèle (avec J. Ivens, 1967)
  • Rotterdam-Europoort (avec J. Ivens, 1966)

 

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