Sur ordre du Parti Communiste, Marcel Mendel Langer crée à Toulouse un « détachement d’étrangers » dont les foyers de guérillas doivent apporter un soutien à la Résistance à l’Est, et contraindre quantité de soldats et d’officiers allemands à se tenir loin du front Ouest, où leur présence serait pourtant bien plus nécessaire.
Avec pour noms de code « Veste rouge », « La rouquine », « Léon » ou « Le napolitain », les membres de cette 35ème brigade des FTP-MOI de Toulouse sont jeunes – 25 ans en moyenne, et issus de la classe ouvrière. Mixte, elle est composée d’hommes qui font dérailler des trains à destination de l’armée allemande, détruisent des grues déchargeant du matériel sur le canal du Midi ou commettent des actes de sabotages sur le matériel de la Wehrmacht, et de femmes, essentielles et particulièrement actives, qui transportent les armes, filent les cibles et fabriquent les bombes.
Mais l’attentat visant le cinéma des Variétés, haut-lieu d’antisémitisme et de collaboration à Toulouse, le 1er mars 1943, mettra définitivement un terme à la brigade. Tandis qu’un bombe devait être déposée sous un siège de la salle et exploser le soir même, lors d’une projection du film Le Juif Süss, une mauvaise manipulation déclenche l’explosion, tuant deux membres de la brigade et en blessant grièvement un troisième.
Dénoncés quelques jours plus tard, une vague d’arrestations mènera au démantèlement de la brigade, et tous ses membres envoyés dans des camps.
Certains d’entre eux ont survécu, et témoignent aujourd’hui devant la caméra de Mosco Levi Boucault qui signe avec Les FTP-MOI. Paris-Toulouse, 1942-1944, un documentaire touchant, bouleversant et profondément héroïque sur un événement assez méconnu de la Seconde guerre mondiale.
De leurs rencontres avec des membres de la 35ème brigade à leurs premières opérations, passant de l’action militante à l’action militaire, ils racontent ce qu’ils ont ressenti lorsqu’ils virent un bombe pour la toute première fois, la frustration et la déception quand, afin de tester leur motivation et leur sang-froid, ils reçurent l’ordre de voler une bicyclette alors qu’ils désiraient abattre l’armée allemande toute entière, mais également leur rencontre avec celui qui allait devenir l’homme ou la femme de leur vie, alors que pour d’évidentes raisons de sécurité, il leur était formellement interdit de se fréquenter ou de vivre ensemble.
En mars 2016, les derniers survivants de la 35ème brigade ont disparu à leur tour, Jacob Szmulewicz de Carmagnole Liberté le 14 et Raymond Kojitsky du groupe Manoukian le 25.
Nous leur rendrons hommage.