Henry BATTNER, portrait d’un battant

Henry Battner est incontestablement l’une des figures les plus attachantes de la communauté juive de France dont il est l’un des doyens. Portrait d'un homme d'exception.

Né à Paris à l’Hôtel Dieu le 12 mai 1933, peu avant le divorce de ses parents, Henry BATTNER a très peu connu son père, alors prisonnier de guerre. Enfant caché dans la Nièvre, il est rejoint par sa mère en 1943. Cette blonde aux yeux gris vert parlant un parfait allemand a pu voyager sans aucun problème à l’intérieur du territoire.

Après des études secondaires qui demeureront non abouties, le jeune Henry se lance comme beaucoup de Juifs à l’époque, dans la fourrure, profession familiale, s’il en fut, dans le cuir aussi, bref dans ce que l’on désigne comme les schmatès.

En 1960, Henry Battner épouse Monique Missistrano. Le couple aura 3 enfants.

La carrière militante d’Henry Battner commence en 1946 avec son adhésion à l’Union des enfants socialistes juifs du BUND (« Socialisteshe Kinder Iddisher Farband » ou SKIF), section « Faucons rouge », puis au mouvement Habonim de 1948 à 1950. Cet engagement communautaire sera interrompu par un service militaire effectué de 1954 à 1957.

En 1957, à 24 ans, Henry adhère à l’Union des Israélites Sépharadis de France dont le président, Victor Benveniste lui confie le secrétariat général de la Section Jeunes de 1959 à 1963 puis de 1964 à 1969.

Dès 1959, il intègre, ès-qualités, les grandes instances communautaires CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) – FSJU (Fond Social Juif Unifié) – AUJF (Appel Unifié Juif de France).

Mais la grande cause de sa vie sera incontestablement l’association le « Farband – Union des Sociétés Juives de France », dont il occupe la présidence de 1998 à 2022.

Cette association trouve ses origines dans le mouvement « Arbeiter Orden » (“Ordre Ouvrier”) des années vingt. Alors non déclaré, ce mouvement regroupe quelques 150 sociétés d’originaires d’Europe centrale, juives, laïques et yiddishisantes, qui cherchent à intégrer dans les années trente-cinq la F.S.J.F, Fédération des Sociétés Juives de France. Devant le peu d’empressement de celle-ci, l’« Arbeiter Orden » se réunit en congrès en juillet 1936 avec à la tribune des personnalités du monde politique, industriel ou artistique telles que Abraham Brones, Alfred Grant, Isaac Schneersohn (fondateur en 1943 du Centre de Documentation Juive Contemporaine), Marc Chagall ou Jacques Lifshitz. Soixante-treize de ces Sociétés créent l’Union (Farband en yiddish) des Sociétés Juives de France, sous la présidence d’Abraham Brones et la présidence d’honneur du sculpteur Jacques Lifshitz. Une vingtaine rejoint la F.S.J.F, les autres restent indépendantes.

Les sociétés adhérentes constituent en somme un “Secours Mutuel” c’est-à-dire que les immigrés de fraîche date, souvent clandestins, y trouvent non seulement aide matérielle, aide au logement et aux soins médicaux, aide à la recherche de travail, mais aussi des lieux de sépulture en cas de besoin.

Aujourd’hui Associations loi 1901 ou Sociétés mutualistes, elles sont regroupées au sein du Farband pour assurer leur pérennité dans la société française, en rassemblant autour de la culture yiddish ou simplement juive, des personnes pour la plupart survivantes de la Shoah, hélas de moins en moins nombreuses pour la raison que l’on devine, qui y retrouvent un peu de leurs racines. Heureusement, le renouvellement des générations et les mariages askhénazes-sépharades permettent aujourd’hui, grâce à une équipe dirigeante dynamique, d’accueillir également les descendants de rescapés et leurs conjoints dont des sépharades.   

Henry Battner à la cérémonie du Yiskor, en présence de Anne Hidalgo, Maire de Paris

C’est ainsi que, sur près d’un quart de siècle, Henry Battner a animé cette association et ses sociétés affiliées, avec à son crédit :

  • L’organisation de la cérémonie annuelle du « Yiskor », qui se tient généralement entre Roch Hachana et Kippour en mémoire des victimes de la Shoah et de ceux qui sont tombés dans les combats contre le nazisme ou pour Israël, et qui regroupe environ 500 personnes dont de très nombreux élus de la république et les principales personnalités de la communauté juive de France.
  • La création du Prix Idl Korman qui récompense chaque année une personne ayant œuvré pour le développement du Yiddish.
  • La création de l’association « Yiddish sans frontière », dont il reste un des dirigeants.,
  • La création de « Sauvegarde et Mémoire Norbert Dana » (2003), sous l’impulsion du regretté Norbert Dana, ancien directeur adjoint du Fonds Social Juif Unifié, spécifiquement chargé des problèmes funéraires et des Sociétés et Associations en difficultés.
  • En qualité de Président de l’Action Populaire de l’AUJF, la création du Festival des Cultures Juives, dont il fut le co-initiateur avec Frederic Viey, délégué de l’AUJF, et avec l’appui de Pierre Besnainou, président du FSJU, de l’AUJF et de la FJF (Fondation du Judaïsme Français).
    Le festival, inscrit dans le calendrier de la ville de Paris, se déroule ainsi chaque année depuis 2005 pendant la 2ème quinzaine de juin.
  • L’organisation pendant plus de 2 décennies d’un nombre incalculable de conférences, débats, ateliers, et autres animations qui ont maintenu le souffle indéfectible du Farband auprès de ses sociétés affiliées et au sein de la communauté juive. 

Jusqu’à aujourd’hui, où il occupe toujours le poste de président d’honneur du Farband, Henry Battner reste l’une des références pour son expérience, sa sagesse, ses connaissances encyclopédiques, et surtout pour ses réalisations qui ont tant marqué et marquent encore le Farband et plus largement, la communauté juive de France.

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