Démontrant que l’intégralité des convois transportant des Juifs et Tsiganes sont parvenus à bon port, qu’un seul cheminot a refusé de conduire ces trains de la mort et que la direction de la SNCF est même à l’origine du transport des gens dans des wagons à bestiaux, le réalisateur dresse un portrait à charge d’une France qui a souvent fait preuve d’excès de zèle, au point d’étonner les Allemands. Une fois ce constat accablant effectué, Raphaël Delpard fait le procès du « résistantialisme » qui s’est mis en place dès 1945. Pour De Gaulle, soucieux de restaurer la cohésion nationale, Vichy n’a été qu’une parenthèse honteuse qu’il faut éviter d’évoquer. Dès lors, le silence sur cette période trouble a été entretenu par de nombreux historiens officiels qui ont maintenu la légende d’une France résistante dans sa majorité. Ce formidable travail documentaire, avec images d’archives à l’appui, permet aujourd’hui de revoir une page de notre histoire nationale sans faux-semblants, le tout agrémenté de témoignages accablants envers les différents acteurs du conflit. Que ce soit la SNCF, ses fonctionnaires aveugles ou zélés, mais également la mouvance gaulliste peu intéressée par le cas des Juifs, tout le monde en prend pour son grade dans ce documentaire à charge, brillamment construit et traitant son sujet sans omettre un seul élément d’analyse.
Raphaël Delpard est un cinéaste et romancier français née le 26 janvier 1942 à Paris.
Brièvement marionnettiste et comédien, puis scénariste de cinéma, il passe de lui-même à la réalisation de film. En tant qu’écrivain, il développe un panel tout aussi large: le livre-document sur des sujets sensibles, gardés secrets, et le roman où ses personnages vivent, évoluent dans des contextes particuliers du 20ème siècle. Raphaël Delpard s’inspire d’une riche documentation puisée dans des archives peu connues et de reportages sur les lieux de conflit, ce qui l’amène parfois à prendre les risques des grands reporters.
Son premier livre-document, “Les Enfants Cachés” (1993), fût un succès immédiat porté au cinéma sous forme de film documentaire (1998). Avec “Les Convois de la Honte” (mars 2010), essentiellement constitué de témoignages et d’évocations, le documentaire devient œuvre d’art.
Pour en savoir plus → biographie de Raphael Delpard
né le 26 janvier 1942 à Paris